Entrevue avec Alex Sereno de Café Barista

Alex Sereno, l'entrepreneuriat est un sport de haut niveau. Entrepreneur, coach de haut niveau, visionnaire et mentor. Il nous parle de sa vision de l'entrepreneuriat et de l'innovation. 

Entrevue avec Alex Sereno, cofondateur de Café Barista

 

Entrevue transcrite:

Opp : Stéphanie Bergot pour Opportunités, je suis en présence de mon ami Alex Sereno qui est entre autres un des entrepreneurs derrière Café Barista, aussi un coach olympique et une personne que j’admire énormément! Je suis vraiment contente d’être avec toi! 

Alex : Bon!! Veux-tu ton 20$ ? (hahahaha)

 Opp : Oui, tu peux me le donner! Écoutes, Opportunités s’est spécialisé sur l’entrepreneuriat. On veut que ce soit une belle plateforme pour les entrepreneurs actuels, mais, aussi pour ceux qui veulent se lancer. Puis, une des choses qui m’a toujours fasciné, intéressé de votre part… de la tienne en particulier c’est que tu t’es beaucoup impliqué. Nous d’ailleurs, on s’est rencontré parce que tu venais donner une conférence à l’université où tu nous dépeignais justement ce que c’était l’entrepreneuriat pour toi et ça m’a fasciné et de là, je t’ai rappelé et on est devenu amis avec le temps. Est-ce que tu m’expliquerais ce que c’est l’entrepreneuriat pour toi?

Alex : C’est un sport de haut niveau. C’est ça que c’est! Puis, c’est drôle parce que je fais tout le temps l’analogie entre… moi, mon bagage c’est ça, je suis un entraineur de haut niveau puis, bon, je suis arrivé en entrepreneuriat un petit peu pour répondre à un besoin financier. Donc, c’est deux domaines d’excellence, c’est deux domaines qui requièrent beaucoup de travail puis qui ont beaucoup de choses en commun : la planification; la stratégie; tu fais face à l’échec. Tu sais l’échec c’est un outil d’apprentissage, tu sais tu t’en sers après ça pour te nourrir, pour aller de l’avant… Le meilleur comparatif pour moi c’est vraiment ça! C’est vraiment un sport de haut niveau et c’est pour ça que ce n’est probablement pas fait pour tout le monde. C’est fait pour un certain type de personne, ce qui n’est pas mal non plus. Tu sais sinon c’est un peu comme tous les autres métiers! On ne peut pas se ramasser à avoir juste des ingénieurs donc ça fait comme un beau balan dans la société. Donc, c’est pas mal ça l’entrepreneuriat!

Opp : Clairement! Là, tu as un peu abordé le thème de l’échec puis c’est quelque chose dont on parle souvent. Il y a comme une espèce de glorification de l’échec actuellement surtout dans le monde de l’entrepreneuriat où est-ce que l’on dit : « c’est nécessaire de tomber et de se relever! » Puis, on en avait déjà discuté, mais par rapport à l’échec, qu’est-ce que tu voudrais nous partager sur ce que vous avez fait dans votre parcours puis pourquoi tu penses que finalement ce n’est pas tant…

Alex : Oui, tu as raison tu sais on ne fait pas exprès pour faire face à l’échec. Je pense qu’un bon entrepreneur il va calculer son niveau de risque. C’est sûr que c’est un peu ça le lot d’avoir une entreprise… tu vas risquer. Il faut juste être assez « smart » pour faire des risques qui sont assez calculés donc tu vas « leverager » voir jusqu’où tu es confortable avec ce risque-là. Ce qui est le « fun » chez nous c’est qu’on est deux individus très différents et d’ailleurs très complémentaires. Il y en a un qui a un plus grand niveau de tolérance au risque et il y en a un peut-être un petit peu moins. Ça fait qu’ensemble, on est capable d’arriver à un compromis qui fait en sorte que 14 ans plus tard on a pris des risques. Pas tout ce qu’on a fait a fonctionné, mais on n’a jamais mis l’entreprise dans une situation précaire et les échecs que nous avons faits ont servi comme un outil d’apprentissage pour avancer et de ne pas répéter les mêmes erreurs. Ce n’est pas… tu sais… moi j’ai des amis qui ont un plus gros taux de tolérance au risque que moi et je trouve que je ne serais pas nécessairement à l’aise avec cela. Bref, oui c’est vrai que c’est très comment tu dis…

Opp : plus glorifié

Alex : oui plus glorifié. Il ne faut pas partir en peur non plus là! Tu sais je veux dire, ce n’est pas juste des échecs. Nous, on n’a pas eu juste des échecs au contraire beaucoup de petits succès qui ont mené à ce que la marque est aujourd’hui. 

Opp : Clairement, puis dans la glorification de l’échec je pense qu’il est essentiel comme dans n’importe quoi dans la vie c’est comme une étape d’apprentissage, mais de là à essayer d’en collectionner pour apprendre de ça ce n’est pas le meilleur fonctionnement… on est d’accord? 

Alex : Tout à fait! 

Opp : Puis, tu disais ça fait 14 ans déjà que vous êtes en affaires. Moi, je connais beaucoup l’histoire de Barista, mais est-ce que tu nous raconterais? Moi, j’aime bien cette petite histoire du marché aux puces, du « container » et tout ça! 

Alex : Ça, c’est un peu folklorique, mais c’est vrai! Tu sais, je veux dire… ce n’est pas un mensonge! L’entreprise est née dans un marché aux puces en 2004. On a rafistolé une vieille machine espresso. Tsé, on n’avait vraiment pas beaucoup de moyens. On s’est fait des espèces d’étagères, des espèces de silos à café puis on est parti. On a loué une table dans un marché aux puces à Valleyfield. Puis, l’idée en arrière de ça c’était vraiment juste de générer assez de sous pour pouvoir commencer à acheter les premiers cafés verts pour après ça aller faire torréfier nos propres cafés. Fak, c’était vraiment difficile, c’était très ardu! À l’époque, c’est drôle, je dis tout le temps ça à l’époque tu avais le droit de fumer dans les bâtisses alors on vivait comme dans un nuage de fumée la fin de semaine. C’était vraiment, honnêtement, c’était vraiment atroce. Puis, après ça, tu sais… on a réussi à aller chercher, je pense, un deux trois mille dollars et de là on a commencé à acheter nos cafés verts. Puis, c’est là que l’aventure Barista est née donc le micro torréfacteur, mais on n’avait toujours pas de torréfacteur. Parce que l’on était vraiment une petite entreprise alors on était assez chanceux pour avoir un ami qui était prêt à torréfier selon nos paramètres de torréfaction et ça, c’est très rare. Donc, lui nous permettait d’arriver chez lui avec nos recettes torréfiées selon nos paramètres, mais c’était quand même très ardu parce qu’on n’avait toujours pas d’entrepôt. Donc, on s’est installé dans le sous-sol chez Enrico. Fak là, juste pour vous mettre en contexte un sac de café vert c’est environ 70kg. On allait chercher chaque semaine trois-quatre-cinq-six sacs au port de Montréal…

Opp : Directement…

Alex : …que l’on mettait directement dans… moi, j’avais une Toyota Tercel. Enrico, je pense, avait une Rabbit. Là, on les amenait de peine et de misère chez lui, on les débarquait, on les descendait dans le sous-sol, on les ouvrait et là, on faisait nos mélanges dans un contenant de 30kg. On les remontait dans l’auto, on allait porter les cafés chez le torréfacteur et là, lui nous appelait une journée ou deux après… on allait rechercher les contenants de 30kg, on les descendait dans le sous-sol puis là, on les redistribuait dans des sacs de 1kg qu’on allait porter chez nos clients. Alors, c’était vraiment un casse-dos! 

Opp : Clairement!

Alex : Clairement! 

Opp : Vraiment pas bon pour les athlètes!

Alex : Ce n’est pas très bon pour les athlètes, tsé j’ai encore mal au dos de ça! Un moment donné, il a fallu sortir de là parce que veut veut pas ce n’est pas fiable! De là, on est parti s’installer dans les petits entrepôts où tu laisses tes meubles donc c’est des petits 10x10 pas chauffés. Ça c’est devenu notre premier vrai entrepôt et on n’avait pas vraiment le droit de travailler là-dedans. Alors, on donnait du café à la gérante pour qu’elle ferme les yeux et qu’elle nous laisse aller et venir comme on le voulait. C’est devenu le premier entrepôt Barista qui tranquillement pas vite est devenu deux espaces, trois espaces, quatre espaces pour finalement quitter puis aller s’installer ici dans le quartier Chabanel au deuxième étage. Mais, toujours pas de torréfacteur! Donc, en cours de route, les deux premières années c’est une Toyota Tercel qui est devenue une mini van à laquelle on a retiré les sièges. C’est devenu des bacs et des bacs de café à torréfier, semaine après semaine. Jusqu’à tant qu’on ait atteint le seuil critique de clients qui nous permettait de dire : « Ok, là, on va dépenser l’argent nécessaire pour vraiment s’équiper avec un vrai torréfacteur! » pour pas avoir à en acheter deux ou trois… en acheter un petit, un moyen! Tsé, vraiment un qui allait faire vraiment un bout de temps. D’ailleurs celui que l’on a encore aujourd’hui qui maintenant fonctionne à pleine capacité. Sur des chiffres des fois mêmes de fin de semaine. On a bien fait attention de bâtir… moi, j’appelle ça d’assurer une pérennité financière à l’entreprise donc de ne pas engager des dettes trop rapidement pour rien. Donc, on s’est vraiment serré la ceinture pour bâtir ce capital-là de clients puis cet argent nécessaire pour que l’entreprise devienne en anglais « self-sufficient » qu’elle devienne sa propre banque au fil du temps. Fak, écoutes… c’était un parcours tellement difficile, c’était vraiment difficile… est-ce que je te l’ai dit que c’était difficile?

Opp : Oui!

Alex : Ok « good »! 

Opp : Oui, non, mais c’est important parce que je trouve actuellement que les images que l’on a d’entrepreneurs à succès… parce que c’est correct de connaître du succès! Mais, je veux dire, en aucun cas même ceux qui ont l’air de se la couler douce dans ce que l’on voit ça l’a été une marche facile. Je veux dire qu’ils ont tous eu des difficultés, ça l’a toujours été des choix, ça n’a pas toujours été facile et tout ça! Je trouve ça intéressant justement que l’on aborde la portion où est-ce que : « Bon ben parfait, mais aujourd’hui c’est encore du travail! » Je te connais super bien et je sais à quel point tu travailles. C’est vrai que la marque elle est belle, que vous avez beaucoup de clients, que vous avez un gros bassin de fidélité en plus là on va en parler vite faite aussi, mais de cette business-là tu en as fait naître plusieurs autres pour plein de raisons fonctionnelles pour vous. J’aimerais ça que tu nous en parles parce que je trouve ça super ingénieux ce que vous avez construit pour développer cette marque-là maintenant. 

Alex : Donc, on a toujours essayé de répondre à nos propres besoins à l’interne. Donc, l’entreprise n’ayant pas beaucoup de sous dans ces premières années voulait faire du marketing… tsé pas de sous, pas de marketing! Tu tournes en rond un peu. C’est la poule avant l’œuf ou l’œuf avant la poule! Fak, on a saisi une opportunité, c’est-à-dire on s’est dit : « on va prendre le virage numérique ». Mais là, tsé, il y a presque 10 ans de ça. Fak, le numérique il y a 10 ans c’était très abstrait, c’était très… encore aujourd’hui ce l’est pour la plupart des PME. Alors, on s’est dit… moi, j’avais l’impression que ça allait être le vecteur de communications sur lequel les gens allaient se retrouver dans le futur. C’est là que l’on va se retrouver pour se jaser donc, si on se retrouve là en tant que communauté il va y avoir de la légitimité. Fak, je me suis dit : «  C’est gratuit! Let’s go! »! On a ouvert une page Facebook, on a commencé à bloguer… tsé un blogue il y a dix ans! Tant bien que mal, ne connaissant pas vraiment ça. Le gros avantage c’est qu’il y a presque 10 ans il n’y avait pas de communauté fak il n’y a pas vraiment d’impact qui n’existe pas vraiment alors on peut faire des erreurs qu’on ne pourrait pas faire aujourd’hui. On ne pourrait pas se lancer à la va comme qui pousse. Donc ça, ça l’a fait naître un deuxième modèle d’affaires. C’est-à-dire, une agence de communication. L’agence servait avant tout la marque et de fil en aiguille, elle s’est mise à servir les clients de la marque puis de là, est né un modèle d’affaires différent. C’est-à-dire qu’on reste des artisans torréfacteurs, on reste des transformateurs donc on est une entreprise B2B, mais avec une approche 2.0! 

Opp : Oui! Tout intégré! 

Alex : Tout intégré! L’agence à vrai dire n’existe plus. Il y a près de 3 ans, on l’a intégré verticalement parce que la réalité c’est qu’on ne voulait pas prendre de mandats en dehors de la marque et des clients de la marque. Donc, on a dit on va mettre tout cet attirail-là à la disposition des clients de la marque. C’est devenu juste un super département de communications, mais ça, c’est né d’une initiative qui au début on aurait pu facilement se planter! À vrai dire, on a fait beaucoup d’erreurs en matière de communications, mais elles n’ont jamais été vraiment si coûteuses que ça! C’était plus un apprentissage. Fak, est né 14 ans plus tard un modèle d’affaires intégré, 2.0, avec des comm! C’est une valeur ajoutée incroyable pour une entreprise B2B qui dessert des clients qui ont des besoins en communication-marketing pour qui on est très content d’offrir ces services-là parce qu’on se dit que c’est plus que juste offrir de l’affichage. C’est d’accompagner tes clients dans leur démarche marketing puis il y a très longtemps, on a compris que c’est un privilège d’habiter chez les gens! De nous laisser une étagère, c’est un énorme privilège fak, on ne peut pas juste prendre ça pour acquis fak on a fait les efforts pour faire justice aux gens qui nous laissent habiter chez eux et bien entendu, c’est bon pour les deux partenaires. Parce que si je m’arrange pour que tu découvres chez qui je suis bien, tu découvres aussi l’autre commerce et tu découvres mon commerce donc c’est un joyeux mariage des genres. 

Opp : Il y a une chose qui me revient quand on parle c’est que grosso modo c’est que ce que tu aimes vraiment faire c’est de l’accompagnement. Que ce soit dans le coaching quand tu amènes des athlètes jusqu’aux Olympiques en triathlon, que ce soit tes clients que tu accompagnes dans tout ce qui est B2B, communication parce qu’il y en a là-dessus qui n’avaient même pas pignon sur rue sur internet quand ils ont commencé à être avec toi puis maintenant ils ont des communautés… ils ont pour certains des webtélés, plein de choses vraiment intéressantes. Puis, dernièrement, tu fais de l’accompagnement aussi de nouveaux entrepreneurs ou de start up. J’aimerais ça que tu nous parles un petit peu de ce volet-là!

Alex : Ben je ne sais pas, peut-être parce que je fais beaucoup de PR, puis je fais beaucoup de réseautage depuis toujours! Maintenant, mon réseautage est virtuel… j’ai une belle communauté ce qui est vraiment le fun! Ça toujours attiré dans les dernières années des start up, des jeunes entrepreneurs puis je pense aussi que je me mets dans une situation où je veux attirer ça parce que j’aime aller donner des présentations dans les écoles autant au secondaire qu’au collégiale qu’à l’université pour deux raisons : parce que de 1 c’est la meilleure source de « talent scouting » qui existe pas alors je vais toujours tombé sur du talent neuf qui pourrait éventuellement venir amener un « plus value » à la marque… d’ailleurs c’est un petit peu ça tranquillement pas vite notre équipe c’est tellement rajeunit avec du talent. Talent que l’on a trouvé par l’entremise de cet exercice-là. Puis la deuxième chose c’est veut – veut pas ça attire une jeune clientèle qui potentiellement voudrait devenir entrepreneur qui se disent qu’ils aimeraient ça avoir des conseils donc moi, je ne refuse jamais un entrepreneur dégourdit parce que moi ça m’a manqué ça de façon… ça m’aurait tellement été utile ça à mes débuts-là d’avoir un mentor quelqu’un qui s’y connaît beaucoup qui a passé à travers les étapes qui nous donnent des outils. Je me dis c’est ma façon de redonner, c’est bon pour moi et c’est bon pour l’entrepreneur qui veut venir… qui pense que ou qui juge que je suis capable d’être un bon mentor pour lui. 

Opp : Oui, bien écoute, je vais terminer là-dessus, mais je fais partie des privilégiés que tu as accepté de mentorer il y a de nombreuses années et de ça, on est devenu amis et j’en suis grandement choyée. Je te remercie d’avoir accepté de faire cette entrevue-là. Puis, tu vas permettre à des gens qui rêvent d’entrepreneuriat de comprendre la réalité, mais aussi d’oser le faire. 

Alex : Absolument!

Opp : Merci!

Stéphanie Bergot

Maman de trois merveilleuses tornades. Diplômée de la maîtrise en management des entreprises culturelles, Stéphanie Bergot oeuvre comme gestionnaire de projet depuis plus d'une dizaine d'années. Tantôt dans le monde de l'événementiel, tantôt auprès d'entrepreneurs. Elle a accompagné de nombreuses entreprises dans l'atteinte de leurs objectifs. Spécialisée dans les événements corporatifs elle a construit de nombreuses activités de renforcement d'équipe grâce à des tests psychométriques. Stéphanie a comme objectif que chaque personne puisse apporter le meilleur d'eux-mêmes dans le poste qui leur convient. C'est par l'accompagnement, la gestion de projet et la consultation qu'elle donne ce qu'elle a de meilleur à offrir.