Entrevue avec Anthony Vendrame de Poches & Fils

Gagner sa vie avec ses poches, Anthony, fondateur de Poches & Fils nous racontent comment il en est venu là!

Entevue avec Anthony Vendrame de Poches & Fils 

Entrevue intégrale:

 

Entrevue transcrite:

Opportunités : Anthony, merci de nous recevoir ce matin de retour de vacances et de grippe.

Anthony : Oui, oui, une petite grippe.

Opportunités : D’où t’es venue l’idée de Poches & Fils ?

Anthony : Bien, en fait, c’était la mère d’un de mes amis à la base qui faisait ça.  J’étais rentré chez eux, il avait une poche avec un burger dessus, puis moi j’ai trouvé ça pas mal drôle.  J’ai décidé d’en porter.  J’allais acheter des tissus chez Club Tissus, Fabricville.  J’achetais des tissus de chiens, des tissus de fruits.  Je lui amenais ça, elle me faisait des chandails, j’en portais.  Puis, à un moment donné, tous mes amis en voulaient.  Ça fait qu’au lieu d’être l’intermédiaire, j’ai décidé d’en faire une petite business.  Tu sais, j’étais étudiant puis je jouais au football à l’université, ça fait que je n’avais pas nécessairement de grosses entrées de revenu.  Ça fait que ça, c’était une façon pour moi d’aller chercher un peu d’argent, puis une façon cool de débuter en me lançant en affaires.

Opportunités : Donc, si on résume, tu as parti un « trend », tu as parti une mode en toi-même, en te faisant coudre des poches…

Anthony : Des poches, oui.

Opportunités : … de tissus non orthodoxes…

Anthony : Oui.

Opportunités : … sur tes chandails.

Anthony : Bien, tu sais, c’est des trucs un peu ludiques qui sortent de l’ordinaire.  Je pense que ce qui est cool c’est que les gens peuvent choisir ce qu’ils veulent puis s’identifier à qu’est-ce qu’il y a sur la poche.  Du monde qui aime les chats, il y en a à la tonne puis on leur en donne.  Sinon, des poches de pâté chinois c’est super populaire aussi, ça fait que…  Tu sais, ça fait tout le temps rire, mais c’est drôle, c’est ça qu’on vend de la poche.

Opportunités : Donc, peu à peu, en vendant ça à tes amis, c’est devenu ton entreprise.  Puis à quel moment tu as eu le flash de dire : « Je vais gagner ma vie avec ma poche, avec mes poches. »  Il va y avoir beaucoup de jeux de mots avec « poche » dans cette entrevue, je vous avertis tout de suite, soyez prêts.

Anthony : Soyez prêts.  Bien, ça a peut-être plus commencé en janvier 2015.  Comme j’ai dit, je jouais au football à l’université, j’avais un coéquipier de football, Nick Dubeau, qui est maintenant en charge des opérations ici.  Je lui parlais du projet, il était vraiment intéressé et super enthousiaste à m’aider.  Les deux on est des gars assez intenses dans qu’est-ce qu’on fait.  On s’est lancés à fond là-dedans.  On n’a jamais reculé, même si certains pouvaient en douter, nous, on se disait : « « Let’s go », on essaie, on sent qu’il y a une demande. »  Puis tous les jours, les petites victoires que tu as, ça te confirme de plus en plus qu’il y a quelque chose qui peut être fait.  Puis c’est sûr que, comme n’importe quelle business, au début, tu ne peux pas vraiment en vivre, puis c’est normal, tu sais.  Puis tu réinvestis tout ce que tu as, puis quand tu doubles ou tu triples tes commandes, bien ça demande du « cash flow » puis tout, ça fait que de t’entourer d’autre monde.  Évidemment qu’avant d’avoir la certitude que ça peut être ça que tu fais de ta vie, ça a pris un certain bout de temps, mais on n’a jamais arrêté de croire que ce jour-là allait arriver.  Puis finalement, bien c’est arrivé.  Aujourd’hui, on est une entreprise de 25 employés, on a un beau local ici dans Hochelaga.  On vend des poches, on vend une centaine de poches en ligne par jour au Québec, on vend dans plusieurs boutiques Sport Expert, Simons, puis ça fait juste commencer.

Opportunités : À un certain moment, tu as eu un espèce de rêve, tu as eu cette vision-là de dire : « Bon bien, mon petit style que j’ai lancé avec mes amis, ça va devenir une entreprise de plusieurs millions de dollars ou une entreprise internationale ou… »

Anthony : Bien en fait, on n’est pas encore là.  On le vise, mais…

Opportunités : Mais c’est justement dans cette visée-là, y as-tu pensé ?

Anthony : Oui, oui, bien en fait, tu sais, c’était…

Opportunité s : Y avait-il plusieurs bières qui ont eu lieu avant que tu aies pensé ça ?

Anthony : Oui, il y a eu une couple de bières puis c’était une idée un peu…  Tu sais, jamais je n’aurais pu penser que je me serais lancé en mode, si on veut, ou en vêtement.  Tu sais, des gars de foot qui ont étudié en finance ou en actuariat, ça n’a pas tellement rapport avec ce qu’on fait.  Mais encore une fois, c’est la demande qui me pousse à y croire puis qui m’a poussé à y croire.  Ça fait que ça…  Puis quand il y a plein de gens qui en veulent, quand il y a plein de radios qui veulent entendre ton histoire, quand tu réussis à passer à la télé, dans certains blogues, quand il y a des influenceurs qui veulent en porter, bien, à un moment donné, tu finis par ne pas avoir le choix de croire que ça peut être une business.

Opportunité s : « Je suis assis sur une mine d’or. »

Anthony : Oui, bien…

Opportunités : C’est ce que tu te mets à penser à un moment donné ?

Anthony : Oui, tu penses qu’il y a quelque chose, tu sais, tu tiens quelque chose.

Opportunités : C’est bon.  Le football là-dedans…

Anthony : Oui.

Opportunités : …est-ce que tu pratiques encore beaucoup de sports dans ta vie d’entrepreneur ?

Anthony : Oui.

Opportunités : Ça change beaucoup d’un athlète à un entrepreneur ?

Anthony : Oui.  Bien, en fait, la coupure a quand même été difficile.  Tu sais, tu passes de faire 30, 35 heures d’entraînement à plus « pantoute », puis tu mets 60 à 80 heures dans ta…

Opportunités : De 30 à 0.

Anthony : Oui, c’est ça.  Puis de l’autre bord, ces 30 à 0 heures-là, tu les mets dans le développement de ta business, tu sais.  Mais j’ai besoin de ça, j’en mange, il faut que je le fasse.  Je suis inscrit dans plusieurs ligues de sport : basket, flag football, squash.  Je m’entraîne beaucoup, j’ai besoin de ça.  Tu sais, c’est le cliché d’esprit sain dans un corps sain, je pense que tout le monde le comprend.  Quand tu peux te dépasser, tu peux avoir des « challenges », l’esprit de compétition ça ne va jamais s’enlever.  Puis tu es capable de transposer ça du sport vers la business, c’est…

Opportunités : D’un ex-joueur de football à un autre, qu’est-ce que ça t’a amené dans ta vie d’entrepreneur de vivre ce sport d’équipe là si discipliné ?

Anthony : Oui.  Bien, comme tu dis, un sport d’équipe, on est 80 gars dans la chambre, 80 gars que tu n’es pas nécessairement leur ami à l’extérieur.  Mais là, tu as tout un but commun, c’est de gagner des matchs, gagner une coupe puis amener l’équipe, les objectifs de l’équipe.  Ça fait que tu apprends à travailler avec du monde.  L’esprit d’équipe c’est ça.  La détermination, tu sais, on est tous des gars qui avaient un certain succès au cégep.  On arrive à l’université, tu es en compétition avec d’autres gars contre qui tu as joué, d’autres gars super talentueux.  Il faut que tu te tailles ta place dans une équipe sans tirer personne vers le bas, tout en montant l’équipe avec toi.  C’est d’apprendre à te dépasser, mais en aidant les autres à côté de toi puis en bâtissant un esprit de famille.  C’est ce que notre coach il nous disait.  Puis il y a une leçon qu’on a eue de coach, c’était : « Win the day. »  Il disait : « Tu n’es jamais pareil le lendemain.  Tu es soit moins bon ou meilleur, tu ne restes jamais pareil. »

Opportunités : C’est vrai.

Anthony : Même si tu essaies quelque chose puis tu te plantes, mais tu as appris une nouvelle façon de ne pas faire correct les choses. Vas-y, essaie des trucs.  L’échec c’est correct si tu ne répètes pas plein de fois les mêmes erreurs, mais tu apprends de même.  Puis demain, bien tu vas être meilleur, puis demain, tu vas être meilleur.  Puis au bout de l’année, si tu t’es amélioré un peu à tous les jours, bien au bout de l’année, tu es vraiment meilleur dans les champs que tu veux développer.  Puis ça c’était tout le temps sa « quote », c’était : « Win the day. »  Puis c’était tout le temps notre mission, c’était le slogan de l’équipe si on veut. Je peux transposer ça, en fait, à la business.  Tu sais, si je regarde par en arrière, voilà deux ans ou un an et dix mois, au début, en 2015, je regarde tous les petits pas qu’on a faits chaque jour, les directions qu’on a prises, qu’on est revenus, qu’on est allés ailleurs, bien je pense que chaque jour, on a essayé de gagner notre journée.  Ça fait qu’aujourd’hui, bien on peut avoir le succès qu’on a, puis on peut s’être rendus à avoir bâti ça, tu sais.

Opportunités : Justement, tu parles de gagner la journée, tu penses d’avancer en business, tu parles d’avancer en…  Tu y penses aussi, mais tu en parles également.

Anthony : Hum hum, oui.

Opportunités : Nicolas est arrivé rapidement dans l’histoire avec toi.

Anthony : Oui, oui.

Opportunités : Alex s’est joint à toi.

Anthony : Oui.

Opportunités : À quel moment — puis ça, je pense que c’est une question qui est très sensible pour les « start up » pour les entrepreneurs —  à quel moment as-tu senti que tu avais besoin d’aide ?  Est-ce que ça a été difficile pour toi de demander cette aide-là financière et de mentorat ?

Anthony : Bien, en fait, pour Nick qui est arrivé dans les débuts, débuts, tu sais, on parle de cofondation.  Moi j’avais eu l’idée, je développais tranquillement, puis lui il est rentré pour qu’on officialise la business.  Je pense que c’était d’avoir un projet qu’on pouvait parler de risquer, tu sais, de se lancer dans le vêtement, deux gars qui n’y connaissaient rien.  J’étais vraiment content de pouvoir compter sur un gars qui avait la même « drive » puis que je savais qu’on allait essayer des affaires, puis que peu importe ce qui allait arriver, on allait pousser. 

Opportunités : Hum hum.

Anthony : Après ça, évidemment, on vendait sur Facebook au début.  Tu sais, le monde nous écrivait en « inbox » : « Je veux tel chandail avec telle poche. »  Ça n’a pas pris trois mois qu’on s’était bien rendus compte que c’était cabochon puis que ça nous prenait un site Web.  Alex, qui est un de mes amis d’enfance, qui fait des sites, qui était « freelancer », il avait plusieurs clients par-ci, par-là d’hébergement, d’optimisation Web, de développement de sites Web, bien il a accepté de faire notre première version. Il suivait le développement, puis ça l’intéressait de plus en plus.  Bien après ça, on a développé un nouveau site Web, une nouvelle version en l’intégrant à l’équipe, puis en lui donnant un rôle non seulement de Web, mais T.I. aussi.  Puis même, il aide beaucoup au niveau du marketing puis des ventes en ligne.  Puis, après ça, un an passe, on rencontre Alain Nolet qui est le père d’un de mes amis avec qui j’allais au HEC, qui est comptable, qui a travaillé plusieurs années chez Lolë.  Changement de carrière, il s’en va comme président d’une entreprise à Montréal.  Il lui reste une journée dans sa semaine qu’il a envie d’investir dans un nouveau projet jeune, dynamique.  On lui en parle.  Nous, ça nous amène une structure un peu qui a de l’expérience, un mentor qui peut être avec nous 20 % de la semaine, tu sais.  C’est super intéressant pour une entreprise qui veut croître puis qui ne veut pas nécessairement, qui veut éviter de faire les erreurs évidentes qu’on pourrait faire quand on est jeune puis qu’on voit peut-être trop gros, tu sais.  Lui il arrive puis il dit : « O.K., les gars, super bon la « drive ».  Maintenant, voyons comment on le fait.  Assurons-nous qu’on le fasse de la bonne façon.  Puis j’en ai vécu, j’ai vécu tel événement, c’est ce que je peux vous apprendre. » 

Opportunités : On vous a vus aux Dragons l’an dernier.

Anthony : Hum hum.

Opportunités : Comment tu as appris de cette expérience là de négocier avec cinq entrepreneurs qui sont devenus des poids lourds d’entrepreneuriat ?

Anthony : Oui, bien en fait, toute la préparation avant l’émission, c’était vraiment enrichissant.  Tu sais, nous on a travaillé gros à vraiment connaître bien notre business, savoir c’était quoi ses points forts, c’était quoi les défis puis c’est quoi qu’on aurait besoin.  Tu sais, souvent quand tu vas voir un investisseur, il ne faut pas juste que tu arrives puis tu lui demandes de l’argent.  Il faut que tu saches pourquoi tu le veux puis qu’est-ce que tu vas faire avec.  Deuxièmement, il fallait aussi trouver une façon assez humoristique de vendre notre business parce que c’est ça qu’on incarne. Il y avait un travail aussi créatif à faire par rapport à ça. Se préparer à être vraiment « tight », connaître nos chiffres puis ne pas avoir, ne pas se laisser intimider parce que c’est des grosses pointures qui sont là.

Opportunités : Hum hum.

Anthony : Après ça, il y a tout le volet négociation.  Nous on avait signé, bien on avait eu une entente avec eux à l’émission.  Après ça, ça a été en négociation, puis le « deal » n’a pas eu lieu.  Mais toute la négociation avec les avocats, les financiers et les comptables, c’est super intéressant.  Ils appellent ça le « due diligence » quand les investisseurs vont tous évaluer ton entreprise.  C’était vraiment, vraiment cool de pouvoir le vivre aussi jeune puis d’apprendre comment ça fonctionne.  Puis évidemment qu’il y a toutes les retombées de ça.  Il y a un million de personnes qui écoutent l’émission, il y a eu des ventes records ces journées-là et les semaines qui s’en sont suivies.  Les offres venaient d’un peu partout pour des collaborations, des entrevues.  « Overall » c’était une méga expérience pour nous puis quand même un point tournant dans l’histoire.  Ça arrivait en avril cette année.  Je dirais que de janvier à mars, c’était un peu plus mort dans le détail ou dans le « e-commerce ».  Puis là, ça propulsait les ventes pour le début de l’été, puis ça nous ouvrait des portes, puis ça nous donnait une crédibilité puis une visibilité partout au Québec.  On a appris sur tous les points de vue.

Opportunités : Merci, Anthony.

Anthony : Merci à toi.

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Greg Lanctot

Greg est un créateur de relations hors pair, passé maître dans l'art d'organiser son temps entre sa vie professionnelle et sa passion pour l'haltérophilie et le CrossFit. Il est un entrepreneur qui attaque chaque défi de front. Fort d'un bagage de 10 ans dans les médias, où il est passé par des organisations comme Astral, Bell Média et La Presse (où il a été nommé dans le prestigieux "Top 30 Under 30" d'InfoPresse), il désire maintenant mettre à profit cette expérience pour son autre passion; le café. Sa vision d'une entreprise doit être très près de ses valeurs familiales, équitables, de partage, d'intégrité et de transparence.